Il y a quelques semaines, je lisais un article sur les légumes moches. Pour ceux qui lisent ce terme pour la première fois, il fait référence aux légumes qui ne correspondent pas aux standards de l’industrie en termes de dimensions, poids, forme, etc.
Chaque année, 1/3 de la production mondiale est jeté pour ces raisons. C’est immense ! Quand je pense à la précarité alimentaire que vivent plusieurs sur cette planète, les pays et individus souffrant de famine et toutes ces ressources environnementales utilisées pour rien, ça me fend le cœur… et c’est sans parler du gaspillage alimentaire fait dans nos épiceries ou même dans nos maisons.
Finalement, nous serions à près de 40 % de gaspillage alimentaire au Canada (source Équiterre). Mais même sans connaître ces chiffres, il y a longtemps que je souhaite réduire mon gaspillage. Certains trucs pour y arriver me suivent depuis plusieurs années, dont les dates de péremption et ces fameux « légumes moches ».
Lorsque j’ai compris que la date de péremption sur les différents emballages était souvent plus pour indiquer une assurance de « qualité » et non un indicatif de salubrité, je me fais un devoir de sauver des poubelles ces articles mal aimés de mon épicerie.
Je suis une chasseuse de yogourt proche d’expirer, de paquets de tomates cerises légèrement ratatinées ou de pain un peu défraîchi. Non seulement je fais de nombreuses économies, mais j’ose aussi espérer que je peux, humblement, participer à moins de gaspillage alimentaire.
Pourtant, en lisant cet article sur les légumes moches, j’ai eu cette pensée : et si cette obsession de garnir les tablettes de nos épiceries de produits esthétiquement beau et frais n’était qu’un miroir de ce qui se passe à l’intérieur de nous ? Pensez-y un instant. Qui aimerait ou déciderait consciemment d’être un légume moche et de s’afficher comme tel ?
N’est-ce pas un peu cette quête du beau, du parfait et de la jeunesse que nous poursuivons tous un peu ? Du moins, c’est ce que l’industrie et la société aimeraient bien nous vendre, à coup de pot de crème antiride ou avec la parfaite pomme ronde.
J’aime bien croire quand fouillant dans la section de produit défraîchie je participe à accepter mon prochain, autant celui qui semble parfait que celui qui paraît un peu amoché. J’aime bien croire que la créativité dont je dois faire preuve pour transformer mes vieux légumes est la même que j’utilise pour réconcilier un groupe d’humain hétéroclite.
J’aime bien croire que lorsque je décide d’acheter un produit périmé je renforce la croyance qu’il n’y a pas un âge où, tout un coup, on ne vaut plus rien et qu’on doit être jeté. Et j’aime surtout croire que, par ces actions qui peuvent sembler anodines, je transmets des valeurs d’inclusions, de respect, de créativité et de responsabilisation à mes enfants.
Vive les légumes moches !