Bientôt, ce sera l’anniversaire de ma fille. Je me suis souvenue de cette anecdote d’il y a quelques années !
C’était en décembre 2017, ma fille approchait de ses deux ans. Nous sommes allés célébrer les 4 ans d’une enfant qui est née mi-décembre. Je me souviendrai de ce moment toute ma vie. Quand est venu le temps des cadeaux, un ouragan a envahi la pièce ! Elle déballait paquet après paquet sans même prendre le temps de regarder exactement ce qu’elle avait reçu. Aucun merci, aucune reconnaissance ! Je voyais les adultes en rond autour d’elle, sourires fendus jusqu’aux oreilles avec leurs caméras, à la fournir en nouveaux cadeaux à ouvrir. J’ai regardé mon chum tristement, en ne comprenant pas que l’on soit les seuls à voir qu’il y avait quelque chose de malsain dans cette tradition.
Sur le chemin du retour, j’étais perdue dans mes pensées. Comment agir en tant qu’adulte pour que mes enfants apprécient leurs cadeaux ? Quoi dire et quoi faire pour les faire valoriser plus le temps de qualité que le matériel ? Noël approchait et je voulais être certaine de choisir mes gestes et paroles consciemment pour transmettre mes valeurs à ma fille.
Dans ma famille, nous fêtons Noël toute la journée. J’ai donc expliqué ce que j’avais vu et ressenti quelques jours plus tôt et nous avons décidé de commencer à donner les cadeaux à Alice le matin et de lui laisser 2 h entre chacun pour qu’elle puisse l’explorer et l’apprécier. J’ai trouvé cette solution parfaite ! J’ai terminé ma journée avec le sentiment d’avoir bien fait les choses.
Quelques jours plus tard, nous étions reçus dans une partie de la famille où nous n’avons généralement aucun cadeau. Vous pouvez imaginer ma surprise quand nous sommes arrivés et que j’ai vu environ cinq cadeaux sous le sapin identifiés au nom d’Alice ! Deux autres garçons de trois et cinq ans étaient également présents et avaient le même nombre de cadeaux qui les attendaient.
Au moment venu, notre hôte a donné le premier cadeau à Alice : des petits jouets de bain empilables. Alice m’a regardé avec le gros sourire et m’a demandé de jouer avec. Je me suis donc mise à enlever toutes les petites attaches, ce qui m’a pris quelques minutes. Pendant ce temps, notre hôte a tendu un autre cadeau à Alice. J’ai compris que c’était LÀ que tout se passait ! J’ai demandé poliment d’attendre en lui disant qu’Alice avait envie de jouer avec son cadeau. Je lui ai laissé 10 minutes !
10 minutes pendant lesquelles un ouragan de papiers déchiquetés revolant partout se passait juste à côté de nous, 10 minutes de pressions dans le regard de l’hôte exprimant : « OK, mais on attend nous, elle ne peut pas faire comme les autres ? ».
Puis, j’ai dit à Alice que nous allions rejouer à son jeu après et je lui aie demandé si elle voulait ouvrir un autre cadeau. Ce dernier était un petit casse-tête de six morceaux, qu’elle avait également envie d’essayer. Lorsque je me suis mise à le faire avec elle, un autre cadeau fut déposé devant nous. J’ai doucement tassé le cadeau en disant qu’Alice voulait essayer son casse-tête et que c’est important pour moi qu’elle apprécie ses cadeaux. C’est alors qu’elle m’a répondu que les autres enfants avaient terminé et avaient maintenant trop envie d’ouvrir ceux d’Alice puisqu’elle ne les ouvre pas.
Un paquet d’émotion m’a envahie passant par la colère, l’incompréhension et la gêne. Je suis restée de dos, essayant d’ignorer la pression des regards que je ressentais derrière moi, et j’ai continué de jouer avec Alice. Pas besoin de vous dire que nous sommes partis tôt de cette soirée. Malgré tout, je suis quand même revenue chez moi satisfaite du message que ma fille a reçu et c’est ça qui est le plus important pour moi.