Collecte d'emballages de bonbon, le post mortem !
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Hélène Boissonneault

Collecte d’emballages de bonbons, le post mortem !

En 2019, à la recherche de solutions plus écologiques pour l’Halloween, j’ai eu l’idée de partir un projet de récupération d’emballages de bonbons. J’imaginais acheter quelques boîtes Terracycle et proposer à des entreprises et quelques écoles de participer au projet de collecte d’emballages de bonbons d’Halloween.

L’idée a été très bien accueillie et a fait rapidement boule de neige.  Plusieurs écoles et entreprises en Estrie, ailleurs au Québec et même en Ontario se sont engagées à être un point de chute de ces emballages. C’était très encourageant de voir autant de personnes s’impliquer à rendre l’Halloween plus écoresponsable.

Rapidement, mes journées furent occupées à répondre aux questions des gens et à gérer ce projet. Il avait pris une ampleur beaucoup plus grande qu’anticipée. J’envisageais de collaborer avec 4 ou 5 écoles et quelques entreprises et là, en quelques jours, il y en avait plus de 50 qui désiraient participer.

Et puis, l’Halloween a eu lieu. Les emballages de bonbons ont commencé à s’accumuler dans les points de chute. Le jour même de l’Halloween, certaines écoles avaient déjà des sacs et des sacs remplis d’emballages de bonbons vides.  

Le personnel des écoles et des commerces a commencé à m’envoyer des photos de ce qu’ils avaient accumulé en quelques jours. Dans certains milieux, c’était peu, mais à d’autres endroits, ma voiture ne pouvait contenir tous les sacs remplis d’emballages vides, je devais emprunter une voiture plus grande pour aller chercher ce qu’ils avaient ramassé.

C’est là que j’ai eu mon premier choc.  Jamais je n’aurais cru que cette fête générait AUTANT de déchets.  Et ce que je voyais là, ce n’était que la pointe de l’iceberg de ce qui est réellement jeté au Québec tous les ans.

Mon second choc s’est produit lors de la cueillette des sacs dans les points de chute. Parfois, les écoles étaient prêtes, mais parfois pas du tout.  Je devais chercher les emballages de bonbons dans l’école, personne ne sachant où ils étaient. Ensuite, je devais les mettre seule dans ma voiture et parfois je devais même rebrousser chemin puisque les emballages n’étaient pas dans un contenant que je pouvais déplacer.  On m’a même envoyé chercher les emballages de bonbons dans un bac de recyclage à l’extérieur… 

Mais, je n’étais pas au bout de mes surprises ! Le plus gros choc est survenu lors de la première journée de triage.  J’ai retrouvé dans les sacs et boîtes ramassés beaucoup d’emballages de bonbons, mais pas que cela.  Il y avait des pots de yogourt pas lavés, des cœurs de pommes, des bonbons complets emballés, des boîtes de bonbons en cartons, des déchets qui n’avaient aucun lien avec la collecte que nous faisions. Ce jour-là, j’ai compris pourquoi c’est si difficile de recycler au Québec.  Même si les consignes sont claires, c’est un peu n’importe quoi qui se retrouve dans le recyclage.   

 Bref, ma maison a été envahie par tous ces emballages et autres trucs.  Il y en avait partout.  Lorsque des gens me contactaient après la date limite, je ne pouvais en prendre davantage alors je leur suggérais de se procurer une boîte auprès de la compagnie Terracycle. Certains l’ont fait, d’autres m’ont dit que c’était beaucoup trop cher, qu’ils allaient jeter leurs emballages à la poubelle.

Avant cette aventure, je ne réalisais pas l’ampleur du problème que causaient les emballages de bonbons ! Suite à tout ça, j’ai pris la décision de ne pas refaire la collecte des emballages de bonbons cette année. 

Voici pourquoi :

1— J’ai raté mon objectif !  Je voulais trouver une solution pour permettre aux parents de continuer à offrir des bonbons à leurs enfants en attendant de trouver une alternative plus écologie. Mais, certaines personnes y ont vu une solution pour continuer d’acheter des bonbons sans culpabilité. Surtout que c’était gratuit pour eux (c’est moi qui ai payé les boîtes Terracycle et assumé les frais de déplacement pour récupérer les emballages).Le recyclage devrait être un avant-dernier choix… tout juste avant de jeter. 

Il y a plusieurs alternatives de bonbons emballés, dont du carton qui sera recyclable par les villes ou encore compostable (fiez-vous sur moi, je les toutes vues). Il est facile de trouver des petites boîtes de Smarties, Nerds, bâtonnets Popeye. Choisir le carton plutôt que le plastique est une meilleure alternative, même si refuser reste LA meilleure des solutions.  

2— Cette initiative a un coût très élevé en temps et en argent. Comme je le mentionnais plus haut, j’ai passé beaucoup de temps à travailler sur ce projet pour répondre aux gens, faire les collectes, trier… Ma petite entreprise ne peut se permettre ce genre de dépenses année après année. Elle n’est pas spécialisée dans le recyclage, mais elle a plutôt une mission d’information et d’inspiration,

3— Chacun peut faire sa part : chaque entreprise, chaque école chaque maison (pourquoi ne pas se jumeler entre voisins) peut se procurer une boîte auprès de Terracycle et ainsi faire participer la communauté, prendre en main le changement. De plus, les coûts sont ainsi distribués entre plusieurs personnes et ne reposent pas sur un seul groupe, permettant un retour du projet chaque année… tant qu’il restera des emballages à recycler (mon rêve ultime c’est qu’un jour ce ne soit plus nécessaire).

Depuis cette expérience, je suis encore plus consciente de l’importance de bien trier les déchets. J’ai une grande pensée pour les gens qui travaillent dans un centre de tri et qui doivent séparer le bon grain de l’ivraie.  L’importance de refuser en premier lieu et de trouver des alternatives à notre façon de célébrer l’Halloween, de la réinventer, est encore plus présente en moi. 

Appliquer la règle des 7 R reste la meilleure solution :

Refuser : refuser les bonbons emballés, opter pour autre chose que des bonbons ou simplement ne pas faire la collecte de bonbons. Refuser d’emballer les bonbons dans un petit sac décoratif pour la collecte.

Réduire : réduire la quantité de bonbons offerts et de ceux qui sont récoltés.

Réutiliser : plutôt que de jeter les bonbons que l’on n’aime pas, on peut les cuisiner, les donner, les partager.

Réparer : celui-ci ne s’applique pas ici ! 

Réinventer :  faites une fête sans bonbons emballés.

Revendiquer : partager des articles sur le sujet, faites la promotion des emballages de bonbons en carton ou en aluminium (il y en a)

Recycler : prioriser des emballages en carton ou en aluminium, 100 % recyclable.

Et finalement, pour le peu qu’il reste (oui je suis utopique), procurez-vous une boîte Terracycle.

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