J’ai mal à ma planète lorsque je lis les nouvelles environnementales. Je sens l’urgence de la crise et je me sens souvent impuissante devant l’ampleur de la tâche et les très probables catastrophes qui nous attendent. Je ne le cache pas, j’ai une légère tendance à l’écoanxiété. Je contrôle le tout en me rappelant que le plus important est de faire de mon mieux et non de chercher la perfection ! Non, je ne sauverai pas le Monde à moi toute seule. Je ne suis qu’une goutte d’eau dans cet océan d’âme humaine et il existe, potentiellement, autant de personnes pour mettre l’épaule à la roue. Mais des fois cela fait du bien de savoir que nous ne sommes pas seuls.
J’ai récemment écouté le documentaire sur Greta Thunberg (I am Greta/Je suis Greta) et cette jeune femme m’a vraiment inspiré. Je la connaissais de nom, sans plus. J’ai été émue de la suivre et de la découvrir dans cette saga qui commença dans la solitude, juste elle avec sa pancarte sur le bord de la rue, et cela a fait grandir ma conviction que chaque action compte. Chaque action, aussi petite soit-elle, a le potentiel de faire boule de neige. Avec tous ces petits gestes arrive la force du nombre.
Je suis loin d’être une Greta, mais je fais mes actions pour l’environnement. Celle qui a probablement le plus d’impact dans mon quotidien est d’avoir pris la décision de devenir végétarienne il y a 6 ans. Pourquoi le plus d’impact environnemental ? Parce que certains choix alimentaires nécessitent davantage de terre et d’eau sans parler des gaz à effet de serre (dont le méthane) qu’ils génèrent. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’Évolution du climat (GIEC) a conclu en août 2019 que les produits d’origines animales comptent pour 72 % à 78 % de toutes les émissions de GES du secteur agricole mondial*. C’est ÉNORME ! Et je ne parle même pas des ressources de terre et d’eau nécessaire pour produire un seul kilogramme de bœuf (je ne trouve pas de chiffre récent, mais le nutritionniste urbain, Bernard, Lavallée, nommait 16 fois plus d’eau dans un article de blogue en 2015).
Je n’ai jamais été une activiste dans ce domaine. Je ne me suis jamais abreuvée non plus de documentaires, devenant frustrée et prête à faire vivre le même électrochoc à tout mon entourage. Pour moi, décider de ne plus manger de viande est une démarche intérieure, personnelle. C’est pourquoi Greta m’inspire. Certes, elle est devenue un visage de proue pour les environnementalistes, mais cette démarche part de convictions profondes et d’un alignement entre ses valeurs et ses actions.
Justement, j’ai dû passer par cet alignement. C’est lorsque j’ai commencé à réaliser qu’il était complètement absurde pour moi de continuer à me nourrir de chairs animales alors qu’il m’était possible physiquement et monétairement de me passer de viande que j’ai, du jour au lendemain, décidé de devenir végétarienne. En fait, c’est plutôt un mélange entre ça et la prise de conscience que je n’avais pas envie de manger de viande, mais mes goûts personnels n’étaient pas suffisants pour faire changer cette habitude. C’est solide des habitudes bien ancrées dans la société auquel on appartient ! Il m’a donc fallu cet aspect « environnement » et l’alignement à cette valeur pour franchir le pas.
Selon Jean-Philippe Cyr, véritable mascotte de la cuisine végane québécoise, il existerait trois portes d’entrée vers le véganisme : la santé, l’environnement et l’éthique animale. Bien que je ne suis pas rendu à me passer d’œuf et de lait, cette prise de conscience environnementale a été essentielle pour aller dans cette direction sans retourner en arrière. L’éthique animale s’ajoutant, je fais plus attention à mes achats de cosmétique, de vêtement, etc.
Pourquoi écrire tout ça aujourd’hui ? Pour dire qu’il existe toute sorte de végétariens, de végétaliens, de véganes. Que nous ne sommes pas tous hargneux, bien décidés à éveiller les consciences à l’aide de coup d’éclat. Je voulais aussi sortir du silence en assumant un peu plus ce choix en en parlant publiquement, un peu à l’image de Greta. Également, rappeler qu’il est possible d’avoir un impact immense sur l’environnement en faisant des choix quotidiens (ou hebdomadaires) avec notre alimentation. Un seul burger végétarien est peut-être bon pour la santé humaine, mais il l’est certainement pour la santé de la Terre.
Quand on aime notre planète, chaque geste compte. Aussi petit, simple et personnel est-il.
*Source : Alexandre Shields, Le Devoir, 8 août 2019, environnement